Loup bleu

Extrait1

Le poète en ses marécages

s'abandonne aux bras du centaure

qui l'emmènent vers d'autres rivages,

vers le couchant drapé de cuivre et d'or.

Mon chant intérieur est celui qui me libère

Mon chant n'est plus parfois qu'un murmure,

une plainte sourde au fond d'une gorge sans fond.

Souvent mon coeur pleure

et mon âme se voile la face

devant cet esprit destructeur.

Cette voix intérieure qui me parle tout bas,

dans la fureur bavarde qui m'entoure,

cette voix,je voudrais l'écouter en silence.

Extrait2

Pieds nus sur la terre froide

accroupi comme mes ancêtres

attentif au vent qui balaie les feuillages,

j'écoute,je sens l'esprit qui palpite.

Vent dense,danse des verts,

mousse chevelue,fougères épaisses.

La bourrasque me parle

un chant premier

les glands tombent à mes pieds

un son mat.

Tâches fluorescentes de cosses de châtaigniers

tapis de feuilles craquantes.

C'est l'automne et ses murmures;

Les roches gris vert

me susurrent de leur silence énigmatique

qu'elles ne sont pas là par hasard!

Empreinte de l'homme

un autre monde,

il y a tant de lunes rondes

que la mémoire s'émiette

et se tait comme une tombe

Extrait3

Cavale d'éclairs fauves

sur la toile d'encre des cieux

hachures,hallebardes,grilles d'airain

qui fendent l'air malsain

pendant qu'un blanc lacis d'étoiles filantes

en touches nerveuses

s'essaye à saisir l'instant

parti,déjà fuyant

se transformant

de l'oeil au cerveau

en zigzags mystérieux.

Les mots d'ambre,de chaleur

dérivent en buées

là où palpitent des coeurs.

Hommes de pierre sous un bois d'arbre

veillent silencieux.

Les esprits de la sylve

les figent d'un masque muet.